Naissance d'un art de vivre

 

 

"Alfred Dürer, 1514 : Eros, Venus et les Abeilles.
"Eros, piqué par une abeille,alors qu’il humait le parfum agréable d'une rose, alla pleurant se réfugier dans les bras de Venus, “Chère mère, je meurs, aie pitié de moi, un serpent volant m'a mordu douloureusement la joue“
Chant anacréontique, 6ème s. av. J.-C."

 

Dans les textes de l’ancienne Égypte, les abeilles sont nées des larmes du Dieu solaire Rê. En tombant sur le sol, elles se transformèrent en abeilles, qui construisirent des rayons et fabriquèrent du miel. Sur les monuments, les abeilles représentent le Pharaon ainsi que le signe de l'initiation et de l'inspiration sacrée. Elles symbolisent le peuple obéissant.

Hiéroglyphe de l’abeille

Dans l’alphabet hiéroglyphique de l’Égypte, l’abeille symbolise la royauté.

 

Comme on peut le constater, les traditions liées à l'apiculture ont pu se transmettre sur le continent relativement facilement probablement grâce à la continuité géographique. En Asie par contre, on considère que la Chine est le pays qui a adopté l'apiculture le plus tôt, mais seulement au Ve siècle, même si on vient de faire des découvertes indiquant que le IIe siècle de notre ère est aussi une possibilité.

 

Les débuts de l'apiculture en Europe sont assez rapides. On voit aussi des traces d'apiculture organisée 2500 ans avant JC dans l'Égypte ancienne. En Chine, on trouve des apiculteurs dès le IIe siècle et c'est au XIIIe siècle qu'on trouve des communautés agricoles spécialisées en apiculture, ce qui est assez tardif comparé à l'Europe.

Le Japon, très dépendant de la culture continentale n'a donc lui aussi connu l'apiculture que tardivement. Il est écrit que le prince Yoho du royaume coréen de Paekche avait en 643 laissé une ruche à Miwayama (aujourd'hui préfecture de Nara, centre du pouvoir à l'époque), mais que celle-ci n'a pas prospéré. Mais la recherche indique que ces pratiques par des exilés du continent étaient moins liées à l'apiculture qu'à la divination (Takeshi Watanabe, 1974).

Au Japon, le miel était considéré comme un remède pour la noblesse et à la fin du IXe siècle, était offert en présent à la cour de chaque province du pays. C'est seulement dans la seconde moitié du XIIe siècle que l'apiculture prend pied au Japon, mais elle ne devient très active qu'à la période d'Edo (XVIIe siècle). À l'époque, il était considéré que la reine était en fait un roi et l'on s'aperçoit du retard si l'on considère que c'est en 1586 qu'un savant espagnol a annoncé que les œufs étaient en fait pondus par la reine.

Mais il y a quand même un certain nombre de points qui permettent de considérer que l'apiculture japonaise de Edo étaient légèrement en avance sur l'apiculture européenne. L' Europe en était encore à enfumer les nids au souffre pour en tuer les abeilles et les écraser pour en retirer le miel. Alors qu'au Japon il existait déjà des méthodes plus "humaines" qui consistaient à "tapoter le sommet de la ruche pour faire fuir les abeilles derrière celle-ci, à ce moment, couper le nid aux 2/3 et prendre le miel. Le reste du nid est suffisant pour que les abeilles le reconstruisent d'elles mêmes" (Shitomi Kangetstu, 1799 "Carte des spécialités du Japon des mers et des montagnes").

 

L’homme n'élève réellement des abeilles que depuis le XVIIIe siècle. Cependant, la consommation de miel remonte à environ douze mille ans. À cette époque, l’homme pratiquait la cueillette, qui entraîne souvent la destruction de la colonie, comme l’atteste la peinture rupestre trouvée à la « cueva de la Araña », grotte de l’Araignée, près de Valence en Espagne, vieille de six mille ans. On y voit un homme suspendu à des lianes, portant un panier pour recueillir sa récolte, la main plongée dans un tronc d’arbre, à la recherche de rayons de miel. On ne sait pas exactement quand la domestication de l’abeille a eu lieu.

La première ruche fut sans doute issue du prélèvement d’un tronc d’arbre creux contenant un essaim. Plus tard, avec la maîtrise des techniques d’ enruchage, apparurent les premières fabrications de ruches artificielles, sans doute faites de troncs creusés ou d’écorce de liège.

L’apiculture était courante dans le Haut-Empire égyptien du XXIVe siècle av. J.‑C.. Des représentations ont été mises au jour dans le temple du roi Ne-Ouser-Rê à Abou-Gourab (Égypte antique), où l’on voit des scènes montrant l’extraction et la conservation du miel.

L'apiculture fut une activité agricole importante dans la Grèce antique, notamment en Attique[1].

Il existe plusieurs traités qui concernent l'apiculture, durant la période de la Rome antique: Pline l'Ancien décrivit avec précision certains modèles de ruche mobile, en osier ou en liège (apiarium), et Virgile y consacra le quatrième Chant de ses Géorgiques.

Dans le Coran, au septième siècle après Jésus Christ, la seizième sourate, « An-Nahl », Les Abeilles, était consacrée à l'apiculture.

Des modèles de ruches en planches étaient courants dans l’Antiquité, ainsi que des ruches tressées, et en céramique : elles furent d’abord faites de baguettes de bois entrecroisées, étanchées avec un mélange de bouse de vache et de cendres. Les ruches en paille tressée, plus tardives, ont été mentionnées pour la première fois dans une ordonnance de Charlemagne, datée de 799, le Capitulaire De Villis. La récolte dans ces ruches était pratiquée par étouffage total ou partiel de l’essaim, ou encore par la taille de rayons, ce qui entraînait sa mort, ou son affaiblissement.

L’invention de la hausse remédia à ces inconvénients, et c'est à partir de ce moment que l'on a pu commencer à parler d'élevage. En 1772, Jonas de Gélieu décrivit la première ruche à hausse fonctionnelle dans sa Nouvelle méthode pour former les essaims artificiels. L’avènement de l’apiculture moderne se fit par l’invention du cadre mobile, mis au point en 1844, par le Dr Charles Paix Debeauvoys (1797-1863).

 

  

Pour obtenir le miel, les hommes ont par le passé
fait ces chasses au miel résultant en l'appropriation de nids
mais ces pratiques se sont progressivement transformées en une apiculture
Nous allons ici donner les principaux pays qui adoptèrent l'apiculture
dans l'ordre d'apparition de celle ci, en ajoutant quelques explications.

 

Égypteancienne

Dès -3500, on voit des graphiques définissant l'abeille comme le symbole du Roi. On considère que ceci vient de l'association avec le "roi" de la société des abeilles (une reine en réalité"). Les premières traces d'apiculture datent de -2500, dans des objets trouvés dans un temple de la Ve Dynastie. Les ruches étaient des paniers tressés en fines branches souples de noisetiers. Il y avait aussi des ruches cylindriques en terre. On utilisait la fumée provenant de bouse séchée mise à brûler pour éloigner les abeilles et prendre le miel. Il y avait aussi de l'apiculture itinérante qui suivait le Nil, et ceci jusqu'au XVIIIe siècle.

 

Grèce antique

On retrouve des ruche cylindriques en terre dès le Xe siècle avant notre ère. L'apiculture a été transmise par l'Égypte et on ne voit presque pas d'évolution des techniques.

 

Rome antique

Dès le Ier siècle avant notre ère, on trouve une apiculture industrielle avec une gestion à grande échelle des ruche assurée par des esclaves. Le livre IV des "Georgiques" de Virgile donne une description très précise de l'état de l'apiculture de l'époque.

 

Angleterre

On y trouve des ruches tressées en saule dès les alentours du Ier siècle avant notre ère.

 

Allemagne

On y a retrouvé des ruches tressées ou dans le tronc datant du début de notre ère.

 

Arabie

Dès le début de notre ère on y utilisait les cavités du tronc des palmiers dattiers.

 

Il faut remonter bien loin pour trouver les débuts de l'histoire des abeilles: au temps du Jurassique supérieur. C'est en effet entre 160 et 150 millions d'années que sont apparues les premières plantes à fleurs.

C'est au cours de paléogène éocène, aux environs de 50 millions d'années que sont apparues les premières abeilles. Ce furent d'abord des abeilles solitaires.

La plus ancienne abeille du monde semble avoir été retrouvée dans un morceau de schiste bitumeux près de Manderscheid (Eifel, Allemagne). Mesurant 9 mm de long, l'insecte avait le même niveau de développement que nos abeilles actuelles.

Au même moment apparaissent les angiospermes. Ces végétaux, fixés au sol par des racines, s'en sont remis aux insectes pour la pollinisation. Les plantes à fleurs se parent de belles corolles colorées, émettent du parfum attirant et offrent du nectar en échange du transport du pollen nécessaire à la fécondation des plantes.

Puis au cours du paléogène oligocène et du néogène miocène, vers 20 millions d'années avant notre ère, que sont apparues les premières abeilles sociales.

Certaines abeilles de cette époque ont été retrouvées emprisonnées dans des morceaux d'ambre. L'ambre est de la résine fossilisée. Dans un même morceau d'ambre, 6 individus ont été retrouvé. Ce qui laisse supposer que l'abeille était déjà un insecte social. Ces individus appartiennent à l'espèce Electrapis apoïdea Manning

Notez que l'homme apparaît il y a environ 3 millions d'années. Il prétend avoir domestiqué l'abeille.

La préhistoire

 

On a retrouvé une trace des premiers hommes cueilleurs de miel sur une peinture rupestre, dans la grotte de l'araignée (cueva de la Araña), près de Valence en Espagne. Elle daterait d'environ 10 000 ans avant J.C. Elle représente un homme suspendu à 3 lianes qui récolte du miel entouré de quelques abeilles stylisées.

L'antiquité

Les Égyptiens avaient également découvert les abeilles et leurs produits. Les premières traces datent de 2400 av. J.C. Le miel était d'ailleurs offert en offrande aux dieux. Du miel, ils tiraient également une boisson fermentée: l'hydromel. Ils utilisaient la cire également.

Ils confectionnaient d'ailleurs des poteries ovoïdes afin d'accueillir et d'abriter des abeilles. Ces poteries étaient cassées au moment de la récolte. D'autres modèles étaient réalisés en osier tressé couvert d'argile. Ces derniers sont toujours utilisés et visibles de nos jours au Soudan.

Les plus grandes activités apicoles étaient situées en Basse -Égypte, une zone riche en cultures. L'abeille y fut même choisie comme symbole du pays. En Haute- Égypte, c'était plutôt une apiculture nomade qui était pratiquée. La récolte de miel fut également représentée dans les tombes de l'ancienne Égypte, notamment celle de Pabasa.

Le miel était utilisé comme offrande aux dieux ainsi que pour la production de médicaments sur base de ses propriétés anti-bactériennes et anti-fongiques.

Dans les papyrus Ebers et Edwin Smith, le miel était l'ingrédient le plus utilisé dans les remèdes, tant en usage externe qu'en usage interne. Le miel était utilisé dans le traitement des douleurs d'estomac, de rétention urinaire et comme onguent pour peaux sèches. Il était également utilisé comme onguent pour les blessures et les brûlures, les irritations de la peau et les maladies des yeux.

Le papyrus Eber (1600 av. J.C.) indique que le miel était le seul ingrédient à appliquer après circoncision. Il décrit également un remède pour l'oreille constitué d'un tiers de miel et de 2 tiers d'huile.

Le papyrus Chester Beatty VI décrit des remèdes oraux où la proportion de miel va de 20 à 84%. Dans d'autres types de remèdes, la proportion s'étend de 20 à 84%.

En l'absence de sucre, il servait également d'agent sucrant dans la fabrication du vin et la préparation de pains et gâteaux. Ceci est attesté par des hiéroglyphes datant de 3000 ans av. J.C.

La cire servait également: dans la momification, dans la construction de bateaux et comme agent liant dans les peintures.

Les pharaons utilisaient le miel au cours de la célébration de leur mariage. Cette coutume s'est transmise dans la culture greco-romaine et jusqu'au Moyen-Âge. Les jeunes mariés buvaient une boisson à base de miel durant le premier mois du mariage afin d'apporter joie et bonheur. Ceci a conduit à la «lune de miel».

Les Hittites

Les Hittites du Hatti (actuellement la Cappadoce) maîtrisaient l'élevage des abeilles dès le milieu du 2e millénaire.

Les Grecs

L'abeille occupait également une place importante chez les Grecs.

Aristote (384-322 av. J.C.), philosophe, dans son Histoire des animaux avait déjà remarqué la forme hexagonale des cellules construites par les abeilles.

Néanmoins, ce que l'on peut considérer comme le premier traité d'apiculture contient quelques imperfections.

Ainsi Aristote croyait-il que le chef des abeilles était en fait une abeille-roi, à la fois mâle et femelle.

Aristote croyait que de manger du miel prolonge la vie.

Hippocrates (460-377 av. J.C.) nota: «Je mange du miel et l'utilise dans le traitement de plusieurs maladies car le miel offre de la bonne nourriture et une bonne santé».

Dioscorides (40-90 ap. J.C.), un médecin grec ayant accompagné les armées de l'empereur romain Neron en tant que chirurgien, a rédigé «De Materia Medica» aux environs de 77 ap. J.C. Ce texte pharmacologique a servi de référence jusqu'au 15e siècle. Il y décrit près de 600 plantes et 1000 drogues simples ainsi que les valeurs médicinales et diététiques des dérivés animaux tels que le lait et le miel. Dioscorides indique que le miel peut être utilisé comme traitement dans les maladies de l'estomac, les blessures avec du pus, les hémorrhoïdes et comme traitement contre la toux.

Les Romains

Columelle (dont on sait seulement qu'il était vivant en 41 ap. J.C) a décrit la confection des ruches en osier entrelacé dans un vaste traité agricole .

Ambroise de Milan (340-397 ap. J.C.), connu sous le nom de Saint Ambroise, est le patron des apiculteurs.

Selon la vie du saint par son secrétaire Paulin, il aurait été mis en son berceau dans la salle du prétoire. Il y dormait, quand un essaim d'abeilles survint tout a coup et couvrit de telle sorte sa figure et sa bouche qu'il semblait entrer dans sa bouche et en sortir. Les abeilles prirent ensuite leur vol et s'élevèrent en l’air à une telle hauteur que œil humain n'était capable de les distinguer.

Son père fut frappé de ce fait et dit : «Si ce petit enfant vit, ce sera quelque chose de grand.» Ce fut considéré comme un présage de la douceur des écrits du prélat.

Les Gaulois

Le mot ruche trouve son origine dans le mot gaulois rusca qui signifie «écorce», l'écorce des arbres servant en fait à fabriquer des ruches.

Que ce soit en Gaule, à Rome ou en Grèce, on ne note aucune évolution des techniques ou des connaissances sur l'apiculture.

Le Moyen-Age

Le Moyen-Age est la période située entre l'Antiquité et l'époque moderne, soit entre 500 et 1500 ap. J.C. Si les historiens se disputent par rapport à des dates plus précises, le début pourrait correspondre au Ve siècle (la déposition du dernier empereur romain) et la fin au XVe siècle (la prise de Constantinople par les Ottomans).

Les ruches sont toujours présentes, particulièrement dans les monastères.

Sa présence se marque également au niveau symbolique. Ainsi le roi des abeilles est-il associé aux puissants: le pape et les rois. On a en effet retrouvé dans la tombe du roi Childéric Ier (436-481 ap. J.C.), roi des Francs saliens, des abeilles en or et verre coloré. Les serfs sont au service du puissant comme l'ouvrière au service du roi des abeilles.

 

Albert le Grand, encore appelé Albrecht von Bollstädt est un savant, philosophe et théologien germanique (1193?-1206 ap. J.C.).

Ne se contentant pas de contester certaines notes d'Aristote, il entreprend la rédaction d'une encyclopédie De animalibus.

Le livre n° 17 est consacré à l'abeille et en particulier à son anatomie.

 

La renaissance

La Renaissance est une période de renouveau littéraire, artistique et scientifique se situant au XVe et XVIe siècles.

En 1586, Luis Méndez de Torres, espagnol, écrit le premier livre sur l'apiculture en castillan. C'est un authentique manuel d'apiculture, avec des contributions aussi avancées pour l'époque que d’affirmer que le roi des abeilles est en fait une reine.

En 1597, Theodorum Clutium de Leiden confirme à son tour que le roi est en fait une bienconinc, une reine.

En 1600, Olivier de Serres rédige Le Théâtre d'Agriculture et Mesnage des Champs d'Olivier de Serres seigneur du Pradel dans lequel est représenté tout ce qui est requis et nécessaire pour bien dresser, gouverner, enrichir et embellir la Maison Rustique. Ce livre permet de constater l'absence d'évolution significative dans les connaissances et les techniques apicoles.

Concrètement, il existait 3 techniques pour la récolte du miel:

  • l'étouffage, avec une mèche de souffre: ce qui avait pour effet de tuer toutes les abeilles
  • le transvasement, d'une ruche vers une autre
  • le prélèvement des galettes de cire, sans même se préoccuper du contenu des galettes

Le XVIIe siècle

En 1609, Charles Butler (1559-1647), un grammairien anglais, publie : La monarchie féminine, un traité concernant les abeilles (16 Mb).

Federico Cesi (1585-1630) et Francesco Stelluti (1577-1652) étaient membres de Accademia dei Lincei, l'académie des Lynx. Leurs observations et dessins ont principalement illustré l'anatomie externe de l'abeille.

 

Marcello Malpighi (1628-1694) est un physicien, anatomiste, physiologiste et microscopiste italien.

Il publie un traité sur l'anatomie des insectes où il décrit les tubes de Malpighi, qui ont une fonction d'épuration comme le rein chez l'homme. Les tubes de Malpighi constituent un dispositif osmorégulateur chez les insectes. A la sortie de l'instestin moyen, 13 paires de tubules partent et entourent, entre autre, le rectum. Cles cellules des tubules absorbent activement du potassium, les ions et autres déchets de l'hémolymphe. Ces impuretés sont évacuées avec les excréments.

 

Anton von Leeuwenhoek, (1632-1723) naturaliste hollandais, développa la conception du microscope.

En 1673, il envoya sa première lettre à la Royal Society of London. Celle-ci contenait des observations sur le dard des abeilles et sa tête, et en particulier sa bouche.

 

Robert Hooke (1635-1703) est surtout devenu célèbre pour son livre Micrographie.

Si l'invention du microscope composé de lentilles multiples reviendrait à Zacharias Janssen en 1590, Robert Hooke y a décrit l'aiguillon de l'abeille.

 

Jan Swammerdam (1637-1680) est un naturaliste hollandais, microscopiste passionné. Il se concentra notamment sur la métamorphose des insectes, mais également sur l'anatomie interne de l'abeille.

Son traité sur l'histoire des abeilles comporte pas moins de 57000 mots et 60 figures. Ces illustrations finirent par apporter la preuve que le roi des abeilles était bien une reine. Il décrit également la bouche et le dard de manière tout à fait correcte. Il identifia également les 3 castes d'abeilles. Certaines illustrations sont visibles sur cette page. On remarquera la haute qualité du dessin.

Il commit cependant une erreur: croire que l'abeille ne copulait pas.

En 1691, Martin John observe la formation de cire sous l'abdomen de l'abeille et publie sa découverte.

Le XVIIIe siècle

 

Giacomo Filippo Maraldi parfois appelé Jacques Philippe Maraldi est un mathématicien et astronome franco-italien (1665-1729). Il a particulièrement étudié une colonie sur un seul cadre: tous ses membres et son fonctionnement.

En mathématique, il calcula les angles des rhombes des alvéoles d'abeilles. En effet, le fond d'une alvéole d'abeille n'est pas plat, mais constitué de 3 losanges identiques, appelés rhombes. Maraldi détermina expérimentalement la valeur de angles de ces rhombes: 109°28' et 70°32'.

 

René-Antoire Ferchault de Réaumur (1683-1757) est un physicien et naturaliste français.

Il inventa notamment un thermomètre étalonné suivant l'échelle de Réaumur. Une unité de l'échelle correspond à un degré Réaumur (°Ré). Les points fixes correspondent au point de congélation de l'eau (zéro) et à son point d'ébullition (80 °C). Faute d'avoir utilisé de l'eau pure, cette dernière température était malheureusement erronée. C'est Anders Celsius, physicien suédois, qui utilisa correctement de l'eau pure afin de déterminer la température d'ébullition de l'eau: 100 °C.

Il n'hésita pas à se lancer dans la rédaction d'une grande œuvre en 12 volumes Mémoires pour servir à l'histoire des insectes. L'œuvre restera néanmoins inachevée: seuls 6 tomes seront rédigés. Réaumur soupçonna les abeilles de construire leur gâteau de cire dans un souci d'économie de matière. Il collabora avec un géomètre allemand Koenig afin de vérifier cette hypothèse. C'est finalement un mathématicien écossais MacLaurin qui confirma les mesures de Maraldi.

Réaumur apporta une importante contribution à l'apiculture d'aujourd'hui:

  • il crée des ruches d'observation
  • il invente le terme de faux-bourdon, qui tel un bourdon vole avec un bruit de bombardier
  • il décrit la récolte des produits de la ruche
  • il note que la trompe de l'abeille est en fait une langue
  • il décrit la glande à venin, les organes mâles, la gelée royale, la différence dans le nourrissement des larves et des nymphes ainsi que le poux (brola caola) de l'abeille
  • c'est le premier apiculteur à marquer ses reines.
  • il décrit le passage de l'œuf en larve
  • promoteur de la génétique, ses travaux sur l'hybridation font de Réaumur le précurseur des travaux de Mendell

Adam Gottlob Schirach (1724-1773) est un apiculteur et théologue allemand. Il étudie plus particulièrement la reine des abeilles:

  • la reine pond 2 sortes d'œufs: les ouvrières et les faux-bourdons
  • la reine est issue d'une larve d'ouvrière de 3 jours
  • il décrit également l'essaimage

Anton Janscha (1734-1773), slovène, est l'apiculteur de l'impératrice Marie-Thérèse d'Autriche. Il décrit la fécondation de la reine au cours d'un vol nuptial en 1771.

François Huber (1750-1831) est un naturaliste suisse. Devenu aveugle, c'est avec l'aide de son domestique François Burnens qu'il mènera ses recherches sur les abeilles. Il mit notamment au point une ruche à feuillets munies de vitres. Celle-ci est basée sur l'observation de l'écartement constant entre les gâteaux de cire. Il observa notamment les délais suivant:

  • 16 jours entre la ponte d'un œuf de reine et sa naissance
  • 21 jours pour l'ouvrière
  • 24 jours chez le faux-bourdon

Il note la disposition constante du couvain, du pollen (la nourriture du couvain) et du miel (la nourriture des abeilles) dans la ruche.

 

Le XVIIIe siècle voit une réelle révolution technique et scientifique.

Le XIXe siècle

C'est le siècle qui voit se développer l'apiculture mobile. L'invention du cadre mobile serait dû au russe Prokopovitch sur base du panier de Kanitz (des cadres en bois indépendants, avec de la paille) aux environs de 1806.

En Russie, Nasanoff découvre la glande de Nasanoff. Celle-ci est située sur le dernier segment abdominal, au dessus de l'anus et permet la sécrétion de phéromones, que des battements d'aile dispersent.

Johann Dzierzon (1811-1906) était un prêtre, naturaliste et apiculteur polonais. Il découvrit la parthénogenèse: la reproduction asexuée des abeilles. En effet, quand la reine des abeilles pont un œuf fécondé, cela donne une ouvrière. Tandis que si la reine pond un œuf non fécondé, cela donne naissance à un faux-bourdon. Cela signifie donc que le faux-bourdon ne possède que le patrimoine génétique de sa mère.

 

Gregor Johann Mendel (1822-1884), est un moine augustin de Moravie et botaniste autrichien et reconnu comme le père fondateur de la génétique.

En étudiant les croisements entre petits pois ridés et petits pois lisses dans les jardins du monastère de Brünn, il établit ce que l'on connaît aujourd'hui sous le nom des lois de Mendel. Il lui aura fallu 8 ans et plus de 10 000 croisements. Ses écrits n'auront été redécouverts qu'en 1900, soit 16 ans après sa mort.

Aujourd'hui encore, ce sont ces mêmes lois qui sont utilisées pour la sélection des abeilles.

Francesco de Hruschka, Franz von Hruschka (1813-1888), italien, est un major dans l'armée austro-hongroise qui inventa l'extracteur centrifuge. Jusque là, l'extraction du miel se faisait par pression des rayons de cire.

Johann Mehring (1815-1878) est l'allemand qui a inventé le gaufrier à cire.

Lorenzo Langstroth, (1810-1895) révérend américain s'est inspiré de la ruche à feuillet de Huber pour créer une ruche à cadres mobiles où le corps et la hausse ont la même dimension. Il est considéré comme le père de l'apiculture américaine. En 1853 parut la 1e édition de son livre «The hive and the honeybee».

Charles Dadant (1817-1902) est un français qui s'est expatrié aux États -Unis. Démarrant avec 2 ruches, il finit avec plus de 600 ruches. Il inventa la ruche à cadres Dadant en modifiant la ruche Langstroth avec les données de Moses Quinby. Il aida Langstroth, son ami, à terminer la 2e édition de son livre «The hive and the honeybee» (La ruche et l'abeille) en 1889 et en publia une version française l'année suivante.

Le suisse Blatt apporta quelques modifications à la ruche de Dadant et créa ainsi la ruche qui porte son nom Dadant-Blatt.

A peu près au même moment Georges de Layens (1834-1897) met au point la ruche de Layens. Tandis que l'abbé Voirnot en met au point une autre encore. William brougton Carr, quant à lui, met au point la ruche dite WBC.

Toutes ces ruches se ressemblent dans leur conception. C'est essentiellement la taille des différents parties qui les différencie les unes des autres.

Mooses Quinby crée l'enfumoir moderne à soufflet.

Le XXe siècle

Maurice Maeterlinck (1862-1949) est un écrivain belge qui a reçu le prix Nobel de littérature en 1911 pour La vie des abeilles.

Karl von Frisch (1887-1982) est un zoologue autrichien, qui étudie la vision de la couleur chez l'abeille en 1914. En 1973, il reçoit le prix Nobel de médecine pour son étude sur les interactions sociales chez les insectes (notamment la danse des abeilles).

L'américain Laidlan maîtrise l’insémination artificielle et R. Delperée diffuse cette connaissance en Europe.

MM Kühn et Pohl démontrent que l'abeille voit l'ultra-violet comme une couleur à part entière.

MM Rennie, White et Harvey découvrent l'agent de l'acariose: acarapis woodi

Dr. Brunehaut Geinitz découvre ce qu'est le miellat: la substance sortie de l'anus des pucerons.

Alain Caillas définit en 1913 la propolis: une résine pour colmater les trous dans la ruche et pour embaumer les prédateurs. La propolis est récoltée sur les bourgeons des saules, des marroniers, ... La composition exacte de la propolis est toutefois difficile à établir car elle varie d'un échantillon à l'autre.

En 1954, la fédération internationale Apimondia est créée.

Frère Adam (1898-1996), Karl Kehrle, allemand, moine à l'abbaye de Buckfast (Devon), a créé l'abeille Buckfast: une race d'abeille résistante, douce, productive et grosse pondeuse. Par des croisements entre des reines italiennes Apis ligustica et des mâles de l'abeille noire indigène à l'Angleterre, Frère Adam a créé l'abeille Buckfast par une sélection rigoureuse. Ceci était une réaction aux nombreuses pertes de ruches dues à l'acariose.

 

 

Création du site :

                  le 02.10.2011

Mise à jour :

                  le 02.05.2015

 

free countersfree counters
Compteur Global

Catalogue interactif

 


clickez sur le livre


2011 :GUIDE DE LA
SANTE DE L’ABEILLE
Edité par le CENTRE DE
RECHERCHES APICOLES